Archiv Ladislava Hejdánka | Kartotéka

Paul Ricœur (1983)

P.Ric. – Všichni jsme někde zakořeněni: vycházíme z jistých přesvědčení, ze kterých nemůžeme nikdy beze zbytku vydat počet. Alespoň ne na úrovni průkazné argumentace. To, co mne motivuje, se nikdy nemůže úplně tematizovat, nemůže se to pro mne stát myšlenkovým obsahem, něčím, co bych měl před sebou. Je to spíš něco, co mi pracuje v zádech, jak to kdosi řekl o dějinách. Když se však zabývám implikacemi určité exegeze hebrejské bible nebo křesťanského Písma, pak jsem v postavení žáka, podřizuji se jisté metodě, dávám se od druhého poučit.
(Filosofie důvěry [rozhovor], in: 7625, Život, pravda, symbol, Praha 1993, str. 16.)

Claude Geffré (1972)

La théologie non métaphysique, enracinée dans l’Economie, continuera à penser Dieu comme Etre, mais non plus dans l’horizon de l’idée, de la substance, de la nature. Elle le pensera dans l’horizon de l’histoire et de l’eschatologie. Elle cherchera alors à exprimer le primat ontologique du futur sur le présent dans l’Etre divin. L’Eternité ne sera plus une propriété négative ; l’absence de temps. Elle désignera la maîtrise de Dieu sur le futur. Si le futur est le mode d’être le plus propre du Dieu biblique, on comprend qu’il échappe aux objectivations du théisme et qu’aucun événement de l’histoire du salut, même la résurrection du Christ, ne puisse en épuiser les promesses « . On devine les conséquences que l’on peut en tirer en ce qui concerne la nature de la vérité théologique et la conception chrétienne de l’histoire. La vérité du discours sur Dieu sera bien plus anticipation et manifestation progressive d’une réalité future qu’adéquation par rapport à une essence immuable. Et l’histoire est moins l’épiphanie successive de l’éternelle présence de Dieu que l’accomplissement progressif d’un avenir toujours inédit, qui ne sera dévoilé qu’à la fin de l’histoire, mais qui ouvre chaque moment présent sur le futur.
On voit donc que le projet d’une théologie non métaphysique n’est pas un slogan anti-philosophique de plus. C’est l’exigence d’une théologie enfin « théologique ». La théologie de l’avenir sera encore une théologie ontologique. Mais elle voudrait être plutôt une théologie de la réalité. Dépassant en effet le dualisme métaphysique de Dieu et du monde, elle doit chercher à mieux penser comment Jésus Christ est l’unité de la réalité de Dieu et de la réalité du monde.
(Un nouvel age de la théologie, Paris 21987, p. 80-81.)